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Retraites : "Le rapport de force entre les employeurs et les employés va s'inverser"

Invité de BFM TV le 31 mars dernier, Geoffroy Roux de Bézieux est revenu sur la réforme des retraites précisant que le Medef continuait d'y être favorable tout en reconnaissant qu'il faudrait peut-être changer de méthode et faire plus confiance aux partenaires sociaux.

"On est toujours pour cette réforme impopulaire, elle est difficile, elle est impopulaire, elle est douloureuse mais tous les autres pays l'ont fait. Elle est votée et pour nous il est temps de passer à autre chose, trouver d'autres thèmes de négociation, peut-être de changer de méthode et plus faire confiance aux partenaires sociaux" a déclaré Geoffroy Roux de Bézieux au micro d'Apolline de Malherbe, rappelant au passage que le Medef a "confiance dans la parole du gouvernement". Quant au rendez-vous avec Elisabeth  Borne, mercredi, Geoffroy Roux de Bézieux a réaffirmé qu'il se rendrait à Matignon avec la délégation patronale et que "quels que soient les sujets abordés nous comptons parler de tout, il n'y a aucune raison qu'on ne parle pas de de retraite, on y va pour faire le point". Pour lui, il est important qu'avant de négocier, les partenaires sociaux, puissent avoir "l'assurance et la garantie, que l'accord si accord il y a sera retransmis intégralement".

Négociations salariales et inflation

Revenant également sur les négociations salariales en cours, Geoffroy Roux de Bézieux a rappelé "qu'on est dans un monde d'inflation qu'on n'a pas connu depuis 40 ans ! (...) et ce qui remonte des entreprises, c’est que les négociations se sont plutôt bien passées. (...) Les entreprises ont fait le job. Dans tous les secteurs, toutes les tailles d’entreprise, des augmentations peu ou prou souvent avec combinaison salaires et primes essaient de compenser en partie l’inflation" Pour lui, "on résiste et on résiste plutôt mieux que les autres pays européens". Et de préciser "l'économie résiste, les gens sont inquiets pour leur pouvoir d'achat, ils sont inquiets pour l'avenir bien sûr et puis, il y a cette colère qu'on voit comme à travers le les manifestants qui va au-delà des retraites ; je pense qu'on n'a pas complètement traité le sujet des Gilets jaunes, de la désindustrialisation du pays, des villes moyennes qui souffrent et ce sont ces sujets-là qu’il faut travailler dans les mois qui viennent".

Equilibre retraités / actifs

"La démographie est très claire", a rappelé Geoffroy Roux de Bézieux, "en 2030, le nombre de gens qui arrivent sur le marché du travail va passer en dessous du nombre de gens qui part à la retraite, c'est-à-dire que la population d'actifs disponibles va arrêter de croître. (...) A terme partout en Europe on va avoir un problème de main-d’œuvre et des problèmes de recrutement. (...) le rapport de force entre les employeurs et les employés va s'inverser et donc oui sur la longue durée, le chômage baissera. (...) Cela pose aussi la question de l'immigration économique de long terme, c'est un problème que toute l'Europe va avoir,  le problème est clair, il est devant nous".  Revenant sur la situation en Espagne, Geoffroy Roux de Bézieux a souligné  que "l'effort demandé aux salariés espagnols est bien plus violent, bien plus fort qu'en France".  Pour lui, " le système français est beaucoup plus juste pour les gens qui ont démarré tôt". 

Inflation

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, "un monde d'inflation, c'est un monde presque dangereux, que notre génération n’a pas connu. Et les augmentations de salaires peuvent aussi nourrir l'inflation des mois prochains. (...)  quand on est en dessous de 2000 €, ce qui est quand même l'essentiel des salariés français des entreprises privées, l'inflation alimentaire, le transport, la voiture, c'est compliqué. C'est pour cela que les entreprises ont fait le job, elles ont augmenté les salaires ou elles ont versé des primes, qui d'une manière ou d'une autre essaient de compenser cette inflation en tout cas celles qui le pouvaient, qui avaient les marges pour le faire".

Sobriété énergétique et consommation d'eau

"Les entreprises ont baissé de 15 % leur consommation" a rappelé Geoffroy Roux de Bézieux. "Elles n’ont pas attendu le président Macron pour mettre en place des plans de sobriété. Elles vont continuer. Il y a, à mon avis deux points qu'il faut retenir,  un sur les fuites d'eau dans les canalisations, ça c’est absolument majeur, c'est 20 % de fuites d'eau en moyenne, donc là il y a évidemment des ajustements à faire, et côté entreprises, c'est l'utilisation des eaux usées, on est à 1 % de recyclage, il y a beaucoup de pays d'Europe qui font beaucoup beaucoup mieux que nous (...) On va le faire. C'est notre intérêt, c'est l'intérêt de la planète. Donc ce n'est même pas une discussion". 

Fin des moteurs thermiques.

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, "on est allé trop vite pour prendre une décision où on n'a pas écouté les ingénieurs. Parce que c'était une décision symbolique, idéologique, un peu comme les zones à faible émission. Il y a un consensus au sein du patronat pour aller vers la décarbonation de l'économie. Il n’y a plus de débat. Simplement à chaque fois que l’on est face à des problèmes techniques, comme sur le nucléaire, il faut écouter les ingénieurs, il faut écouter les scientifiques, pas faire d'idéologie, voir ce qu'il est réellement possible de faire, dans un temps donné. (...) Les gens ne pourront pas changer leur voiture, notamment les artisans, en temps et en heure".

>> Revoir l'interview sur le site de BFM TV